La première de nous deux qui tirera aura une côtelette ! [Ospemal]

Une pluie fine filtrait des hautes branches qui surplombaient la tête de Shay'na. La forêt dense résonnait du bruit harmonieux des gouttes percutant la surface des feuilles et de celle venant percuter son visage levé vers le ciel. Shay'na aimait la pluie, elle changeait les odeurs, modifiait les perception, renouvelait la vie.
Lorsqu'elle s'était mise en route, à l'aube, l'humidité environnante n'avait pas manqué de la réjouir. Alors qu'elle partait sous un ciel brumeux et une température douce, elle ne tarderait probablement pas à rencontrer une chaleur étouffante sous une pluie intense; cela n'avait pas manqué en début d'après-midi. La jeune femme avait entreprit de partir chasser, en s'enfonçant dans les profondeurs et les tréfonds secrets d'une forêt qu'elle avait arpentée maintes fois. Elle s'était avancée sans relâche, plus loin que jamais, rencontrant des chemins qu'elle ne connaissait pas, des clairières parfois occupées par des hordes d'Angtsik, mais jamais de Yerik. C'est ce qui l'obligeait à s'enfoncer davantage ...
Shay'na avait entreprit de chasser le Yerik, un petit animal fin et agile, en surpopulation dans les forêts de Pandora. Néanmoins, ayant choisis un chemin différent cette fois-ci elle n'avait pas encore eut l'occasion de tomber sur des traces fraiches.

Ce n'est qu'après s'être arrêté pour se restaurer qu'un léger bruissement avait attiré son attention. Elle avait achevé son repas en hâte, puis silencieuse, s'était approchée des fourrés. C'est a ce moment là que la pluie avait commencé à tomber; moment où Shay'na tenait enfin une trace. Même si la jeune femme se réjouissait de ce temps, il n'arrivait pas à point puisque l'eau aurait tôt fait d'effacer les traces laissées par l'animal.
Elle ne tarda donc pas à suivre les différents signes d'une présence animal, comme une branche cassée, des traces de pas, des feuilles déchirées; cela la mena rapidement à l'orée d'une clairière. L'endroit était dégagé. Au centre du lieu, deux Yarik paissaient tranquillement.
La jeune femme grimpa sur une branche basse d'un arbre proche et prépara son arc. Elle retint sa respiration, s'appliquant à la précision: déjà un Yarik tombait. Le deuxième animal, effrayé, disparaissait derrière des buissons à l'opposé.

Nang !

La flèche de Shay'na n'avait pas bougé d'entre ses doigts.

Alors que la jeune femme s'apprêtait à descendre de son arbre, elle distingua une Na'vi qui approchait l'animal à terre pour l'achever. Ayant entendu sa surprise, la jeune femme se tourna dans sa direction et s'excusa d'avoir tuer l'animal à sa place. En signe de paix, Shay'na détendit son arc et rangea sa flèche; elle trouverait son gibier plus loi.

Ne t'excuse pas. Il est vrai que je m'apprêtais à abattre l'un de ces Yarik, mais tu as été plus rapide que moi.

Un sourire aimable apparut sur le visage de la jeune femme. Elle prit le temps d'étudier son interlocutrice et ne fut nullement surprise de constater qu'elle ne faisait pas partie de sa tribue; en effet, Shay'na se trouvait bien loin de chez elle et il n'avait rien de surprenant à ce qu'elle croise d'autres représentant de sa race. Elle fit basculer son arc sur ses épaules et entama le cérémonial de présentation.

Mon nom est Shay'na, je suis Chevaucheuse des mers de l'Est. Mes pas m'ont amené ici pour ma chasse. Heureuse de te rencontrer, soeur.

N'étant pas sur son territoire, il semblait normal à la jeune femme de se présenter; avec les évènements récents qui ne cessaient de se dérouler sur Pandora, les Na'vi étaient suspicieux et les relations plutôt tendues.
Puis elle se dirigea lentement vers l'animal gisant à terre. Sa présence avait interrompu le rituel qui suivait la mort de la proie; son coeur s'emplit de tristesse. Ils étaient obligés de tuer pour se nourrir, de tuer pour survivre. Et même si la chasse était réjouissant, rien dans le fait de tuer un animal ne procurait un quelconque plaisir. Avoir droit de vie ou de mort sur quelqu'un est une chose horrible pour laquelle il faut continuellement s'excuser.

Silencieuse, Shay'na se recula d'un pas avec un hochement de tête significatif. Elle attendrait que tout soit correctement achevé pour continuer cette conversation.

Shay'na ne s'était pas attendue à rencontrer quelqu'un au cours de sa chasse, bien qu'elle ne se trouvait plus sur les territoires de son peuple. Elle ne fut donc que moyennement surprise en entendant que la jeune femme, nommée Ospemal, était une Cavalière des plaines. Shay'na n'avait que très rarement rencontré des Na'vi ne faisant pas partis de son peuple: quelques émissaires envoyés vers eux, occasionnellement.
Elle attendit patiemment que la jeune Na'vi eut terminé son rituel pour se permettre un pas en avant, un sourire aimable sur le visage.
Ospemal ne cessait de s'excuser, et se proposait de l'accompagner dans sa traque pour se faire pardonner; elle ne laissa pas le temps à la Chaveaucheurse de répondre, qu'elle se trouvait déjà à l'orée de la clairière, prète à disparaitre derrière un buisson.
Un rire cristallin sortit de la bouche de Shay'na qui s'élançait déjà vers la jeunne femme.

Avec joie petite soeur !

Bien que Shay'na soit généralement de nature solitaire, une nouvelle rencontre, de quelque sorte que se soit, lui procurait toujours un certain plaisir, d'autant plus avec quelqu'un de sa race. Elle ne connaissait pas les Cavaliers des plaines, et espérait en apprendre davantage sur eux au contact d'Ospemal ( qui semblait être une Na'vi très enthousiaste ). Lui revint d'alilleurs en mémoire la rapidité de l'attaque qui avait précédé, elle s'en ouvrit à la jeune femme.

Jai été très surprise de te voir surgir de nul part : tu as bondis sur ce Yarik avec une telle rapidité ! C'était impressionant !

Les Chevaucheurs du Sud étaient tout en subtilité. Ils préféraient la ruse et la stratégie, privilégiant l'endurance et l'agilité, à la force brute et la rapidité. La façon qu'avait Ospemal de mener son attaque n'était en rien semblable à celle que Shay'na s'était apprêtée à exécuter. Leur deux peuples étaient différents, et pourtant, une même énergie parcourait leurs corp: l'energie d'Eywa.
Bien que distraite par tous ces évènements et cette petite discussion, Shay'na prenait garde aux traces qui jonchaient le sol; elle devrait bientôt rentrer, et le faire sans gibier serait assez dérangeant. Elle ne souhaitait pas que sa proie lui soit dérobée ne fois de plus ...

Shay'na accomapgna la réplique d'Ospemal avec un hochelement de tête et unvague sourire complique; il était vrai que si le jeuen cavalière s'était précipité quelques secondes plus tard, Shay'na n'aurait pas pu retenir sa flèche ...

Eywa veille sur toi petite soeur, tu as eu de la chance.

Puis, soudainement, Ospemal tituba et tomba à terre, le nez dans la boue.Tout d'abord surprise et stupéfaite, Shay'na la regarda sans comprendre: comment une Na'vi pouvait-elle être maladroite ? Mais très vite, le rire lui monta aux lèvres, rire qu'elle essaya de réprimer pour ne pas vexer la jeune femme. C'est alors qu'elle la héla silencieusement, lui demandant d'approcher pour observer quelque chose. La Chevaucheuse avança, et lorsqu'elle arriva à hauteur d'Ospemal, cette dernière lui désignait des traces sur le sol. Shay'na se pencha, palapa la profondeur et les contours d'une emprunte, tout en humant délicatement l'air et en écoutant les bruits de la forêt.
Avec un sourire, elle aida la jeune Cavalière à se relever.

Et bien je crois que notre Yarik est passé par ici ! Les traces sont peu profondes, il marche et n'a pas l'air d'être pressé.

Satisfaite, Shay'na fit glisser son arc dans ses mains, puis prit la direction du nord, comme l'avait souligné Ospemal. Les traces étaient régulières, déviant parfois d'une trajectoire linéaire pour se perdre derrière un bosquet et ensuite revenir sur la piste principale. Cependant, elles devinrent plus denses et plus profondes, synonymes d'un passage très prisé ou d'une multitude d'animaux, tout comme d'une fuite précipité. Sur ses gardes, Shay'na scrutait les alentours.

La jeune femme avançait rapidement, souple, agile, sans difficultés. Elle virevoltait d'un buisson à un arbre, du sol aux branches. Puis soudainement, une branche craqua, à quelques mètres de Shay'na. Avec une rapidité surprenante, elle se retourna vivement, son arc bandé, une flèche prête à partir; Ospemal, réagissant tout aussi vivement qu'elle était déjà en position d'attaque, tout près des buissons. Elle attendit quelques instants, puis prit l'initiative de franchir l'obstacle; elle ne tarda pas cependant à sauter en arrière, de surprise. Cela laissa dont la possibilité à la Chevaucheuse de percevoir un Yarik à terre, expirant ses derniers souffles. Shay'na abaissa son arc, et se dirigea lentement vers l'animal. Elle déposa son arme à terre et sortit son couteau pour achever l'animal.

Ton âme rejoint Eywa, mais ton corps reste à la terre, tsmukan.
Tendue, Shay'na se releva puis scruta les alentours. Les multiples traces de pas qui se chevauchaient se trouvaient à plusieurs mètres sur leur gauche; les pas qui menaient à cet endroit étaient rapprochés et profonds, signe de la faiblesse de l'animal. Du moins, en ce qui concernait les petites traces ... D'autres, plus grosses, les avaient presque effacées. Apparemment, les deux jeunes femmes avaient interrompu une partie de chasse dont elles allaient finir par devenir la proie si elles ne partaient pas rapidement. Inquiète, elle se tourna vers Ospemal.

Il faut partir.
Joignant le geste à la parole, elle partit en courant droit devant, agrippa une branche basse et se propulsa dans les airs pour atterrir sur un enchevêtrement de branches hautes. Un léger sourire au lèvres, elle interpella la Cavalière.

Par là, c'est plus sûr.

La pluie martelait toujours la végétation, emplissant d'un chant cristallin la forêt. Peut être était-ce la pluie qui avait empêché Shay'na d'entendre l'approche de l'animal, ou peut être était-ce du à son impressionnante discrétion; le fait était qu'Ospemal se trouvait dans une position fâcheuse.
la Chevaucheuse, entendant l'assentiment de sa nouvelle amie pour la rejoindre, avait commencé à s'éloigner dans les branches. Cependant, ne l'entendant pas à sa suite, elle s'était retournée, pour constater qu'elle se trouvait encore à terre, en mauvaise compagnie. Ospemal bougeait lentement, presque imperceptiblement, mais ses mouvements ne manquaient jamais au palulukan; elle semblait réfléchir intensément, jugeant ce qu'il serait bon de faire ou non. Shay'na n'osait dire quoi que se soir; l'animal ne semblait pas l'avoir repéré, totalement concentré sur sa proie. C'est alors qu'Ospemal se mit à courir, tout en lui intimant de faire de même: elle courait pour sa vie.

Les réflexes de la jeune femme prirent le pas sur la raison. Elle s'élança à la suite de la Cavalière, la poursuivant dans les airs, essayant de se placer légèrement en avant de l'animal. Puis elle encocha une première flèche, tira, et recommença trois fois de suite: la première manqua sa cible, la Chevaucheuse manquait de stabilité et ne pouvait pas s'arrêter et prendre le temps de tirer correctement. La deuxième se ficha dans le flanc de l'animal et la troisième sur le côté gauche de son crâne.
Elle saisit son arc puis redoubla de vélocité pour rattraper Ospemal qui semblait fendre les buissons. Puis un bourdonnement sourd lui vain aux oreilles; peut être avaient-elles une chance.

Vire à droite, à droite !
Elle crocheta une branche pour se propulser vers la direction qu'elle venait d'indiquer. Le prédateur, que les flèches n'avaient que brièvement détournées de sa proie, commençait à gagner du terrain. Elles n'avaient plus beaucoup de temps. La jeune femme choisit de changer de tactique; elle banda son arc puis, dans une parfaite parabole, tira sa flèche en touchant le sol et commença à courir. Elle ne savait absolument pas si elle avait fait mouche et ne prit pas le temps de se retourner; elle rattrapait la jeune femme lorsque la bête poussa un mugissement.

Tout droit !
Shay'na priait Eywa de leur venir en aide et de ne pas s'être trompée; cela leur serait fatal.

La jambe de Shay'na commençait à se faire lourde: la blessure infligée par le tawtute ne s'était pas totalement régénérée et elle le sentait. Elle observa avec approbation la Cavalière écouter ses indications, mais n'accorda qu'une brève intention à la question qu'elle posa. A quelques mètres à peine, elle sauterait dans le vide et aurait là vie sauve, du moins si elle ne se fracassait pas le crâne contre un rocher ... Au moment où Shay'na distingua le bord de la falaise, elle crocheta une branche pour se propulser dans les airs, mais manqua son appui en voulant bander son arc entre les deux gestes. Elle retomba juste à la gauche de l'animal qui sautait déjà sur elle; la rapidité qu'elle possédait, la sauva de la mâchoire de l'animal, mais il la percuta de plein fouet, la propulsant dans le vide. Dans sa chute, la Chevaucheuse décocha une flèche qui se ficha dans la gueule ouverte du palulukan.
Présentée ainsi, l'acte paraissait extraordinaire, mais il plaçait la jeune femme dans une position dangereuse: elle ne voyait pas vers quoi elle se dirigeai dans cette écharpe de brume. Elle te tarda pas à rencontrer une surface froide et dure; l'eau était froide et frigorifiait ses membres. Le courant l'emportait au grès de ses envies, souvent sous le surface, ne la laissant reprendre une bouffée d'air qu'à de rares reprises. C'est dans ce maelström de gerbes d'eau son flanc percuta une surface rocheuse, lui coupant le souffle, puis ellel sentit une arrête rocheuse lui rafler le dos; elle perdit connaissance après que sa tête eut heurté une surface identique. Les flots transportèrent son corps inerte, comme un morceaux de bois arraché à sa source.

Elle ne savait pas ce qu'Ospemal était devenue, si elle était vivante ou inerte, noyée au fond de ces eaux tumultueuses. Elle savait qu'en sautant, elle s'exposait à une mort certaine, mais cela avait été la solution la plus probante à tout ce qu'elle s'était imaginée. Combattre l'animal aurait sonné leur mort à toute les deux; sauter de la falaise laissait une chance à l'une d'entre elles ... Mais laquelle ?