Une nouvelle journée commençait pour le peuple Omaticayas et pour moi Tsumaïe. J'avais encore tardé à me réveiller une fois de plus. Je restais longtemps après que la lumière se soit cachée le soir et j'en subissais les conséquences le matin. Je sortais précipitamment de mon hamac. Je vérifiais sommairement mes cheveux et mes bijoux avant de mettre à ma ceinture, ce pitoyable couteau de corne, qui ne servait absolument à rien. Moi, je désirais un arc, un véritable arc pour pouvoir chasser et défendre le clan contre les marcheurs de rêves. Mais, je n'étais pas encore prête, comme me le répétait chaque jour mes tsmuktu.
Je descendais rapidement l'arbre maison, bousculant quelques-fois les autres Omaticayas qui empruntait l'escalier en colimaçon de notre arbre sacré. Je faisais exactement la même moue de "pardon" à tous ceux que je percutais légèrement. Je voulais arriver au plus vite au pied de notre arbre maison. En effet, il était plus que temps que je commence ma journée. J'avais des flèches à tailler, une parure à finir de tisser et surtout, une merveilleuse na'vi à voir.
Malgré ce marcheur de rêve et son fils que je ne pouvais pas supporter, je gardais toujours des sentiments très forts envers Tsu'ka. C'était elle ma seconde mère, depuis que ma première mère avait rejoint notre mère à tous, Eywa. A cette pensée, je ressentais un petit pincement au cœur. Je ressassais sans cesse ce souvenir. Il restait définitivement ancré dans mon esprit.
J'interrompais mes pensées. Je venais de rejoindre la cour principale de notre village, le pied de notre arbre maison. Le village était déjà en pleine activité. Mes tsmuke plus âgées étaient déjà en train de tisser et mes tsmukan étaient déjà partis pour la chasse. Je lâchais un profond soupir de jalousie. Je n'avais pas encore pu les accompagner à la chasse, une fois encore.
Je me dirigeais vers les ulivi mari’tsey mak’dini’to, où plusieurs tsmuke s'affairaient déjà. Elles me saluaient et je faisais de même avec un large sourire. Je m'asseyais devant le mien. Ma parure n'avait pas beaucoup avancée. J'aimais particulièrement tisser mais, je recherchais la difficulté dans les motifs et mon expérience ne suffisait pas la compenser pour tisser à la même vitesse que les autres.
La matinée avançait. Je quittais mon ulivi mari’tsey mak’dini’to, quelque-peu lassée par le temps que le tissage de ma parure prenait. Je parcourais le village, l'esprit ailleurs. Je pensais à ce que les chasseurs devaient faire en ce moment dans la forêt, sans moi. Je m'asseyais finalement à proximité d'un Mreki u’lito. Une tsmuke entretenait le foyer. Il ne devait jamais s'éteindre, c'était une tradition. J'affichais encore une moue de jalousie en fronçant légèrement les sourcils. Je levais les yeux vers ma tsmuke après avoir entendu un de ses gloussements. Je levais tous de suite la tête, pour lui faire un demi sourire. J'attirais encore les moqueries, même amicales de mes tsmuktu. C'était à moi aussi de ne pas faire une moue pareille en présence des autres. Je fixais mon regard sur les braises du foyer. La chaleur créait une sorte de petits mirages au-dessus d'elles. C'était agréable à observer. Mais, malgré la présence d'une tsmuke et d'une nouvelle occupation, je me sentais un petit peu seule.